Au milieu des ruines, rebâtir l'Europe des Nations
Nous sommes aujourd'hui réunis pour ce
septième forum de l'Europe, et c'est à Paris qu'il se tient.
Louis Veuillot écrivait en 1866 que « Paris est une inondation qui a submergé la civilisation française et l'emporte tout entière en débris ».
Il semble que ce jugement, s'il était valable au XIXème siècle, l'est davantage encore aujourd'hui et que Paris est en ruines.
Aussi est-ce bien à propos que notre forum se tient aujourd'hui parmi les vestiges de la cité qui fut autrefois élue par le roi Clovis pour être la capitale du royaume des Francs, puisque nous avons à réfléchir au milieu des ruines à rebâtir l'Europe des nations.
Paris n'est pas la seule cité tombée en disgrâce, mais elle illustre bien dans quel état se trouvent chacun de nos pays d'Europe.
Il serait bien ardu de dresser la liste exhaustive des maux qui accablent nos nations et de ceux qui ont causé leur ruine.
La dégénérescence des mœurs, l'abdication du principe d'autorité, le dérèglement des hiérarchies, l'absolutisation de l'individualisme, le mépris des lois naturelles, le matérialisme, les invasions étrangères, l'oubli du sens de la vie, ont gangrené toutes les couches sociales, tous les éléments de la Nation.
Le principe de la race est bafoué, puisque l'on encourage le métissage, la contraception et l'avortement, et que les Gouvernements pratiquent des politiques mortifères, qui sont non seulement contraires à la vie, à la famille, à la santé biologique du peuple mais qui visent en plus leur destruction.
Livré à l'individualisme, le peuple ne peut plus être : l'individu est seul contre tous. Il est en guerre perpétuelle avec les siens, patron contre ouvrier, homme contre femme, génération contre génération.
L'individu n'a pas d'ami, pas de voisin, pas d'ancêtres. Son monde est virtuel, il n'a pas de village, pas de paroisse, pas de famille, pas de consistance, et pas de race. Sa vie ne brûle plus au feu de son peuple. Elle ne monte plus en flammes ardentes vers la voûte céleste.
Non... son existence est semblable à quelque fumée sur un tas de cendre, que le vent aura bientôt dispersée pour toujours.
Le territoire est lui aussi violé : Nos frontières sont tombées.
Circulent alors les étrangers et les flots de biens, venus d'ailleurs, qui forcent nos pays à entrer dans un marché mondial, à laisser des enseignes étrangères prendre racine sur nos terres et à les infester de leurs idéologies matérialistes et hédonistes.
Notre langue est défigurée par les étrangers, par les Gouvernements qui nivellent le niveau scolaire par le bas. C'est partout l'argot et la misère des banlieues qui remplace la tenue de la langue classique.
Cette déperdition de la langue est loin d'être le moindre parmi les maux dont souffre nos pays, car la langue est l'expression des idées d'un peuple. Quand un peuple oublie sa langue, alors, il oublie sa pensée, il oublie tout l'héritage intellectuel et spirituel que ses ancêtres, siècle après siècle, avaient amassé pour lui.
C'est ensuite à nos cultures et à nos
religions qu'il est fait affront.
On déboulonne nos statues, on profane nos églises, on érige des bâtiments d'une laideur déconcertante, et on laisse décrépir le patrimoine, quand on ne s'en sert pas à des fins purement mercantiles.
Et les vieux monuments qui restent encore debout, demeurent silencieux car ils ne reconnaissent pas ce qu'on a mis autour d'eux, et ce qui se trouve autour d'eux les ignore sans connaître leur histoire.
On érige de nouveaux dogmes au nom d'un pseudo scientisme, et la religion de l'Étranger, non plus seulement tolérée, s'impose jusque dans nos rues, jusque devant nos portes.
Les maisons deviennent des cases où s'entassent un peuple sans nom et sans visage, sans racine et sans pensée, et les tombeaux eux-mêmes ressemblent à des cubes empilés, emprisonnant des hommes privés du repos en terre sous la croix qui les élèvent au ciel.
C'est enfin au dernier élément de nos nations qu'il est porté atteinte : leur forme d'État nation. Puisqu'on préfère les réduire à des régions fédérées à une Union européenne qui les étouffe et qui cherche à se muer en État.
C'est ainsi que notre communauté de destin dans l'universel est mise en grand danger : dans ce nouveau monde, quel peut bien être l'avenir de nos peuples ? L'avenir de nos nations ? Quel destin peut-on encore espérer ?
*
La situation est en effet déplorable et au milieu des ruines, forte pourrait être la tentation de l'abandon du champ de bataille et du repli sur soi.
Ce repli sur soi peut prendre différentes formes.
On retrouve d'abord le repli sur soi à l'échelle individuelle : c'est celui qu'on retrouve dans certaines mouvances qui ne s'intéressent qu'à des formes de survivalisme, et d'autarcie coupée du reste de la société. En adhérant à ce type d'idées, l'individu va se désengager totalement du combat politique et se replier sur lui-même, dans une optique de survie individuelle.
On a ensuite, ce qui est plus fréquent en pratique, le repli sur soi à une échelle plus vaste que l'individu qui est la communauté locale ou le groupe local. L'individu ne va pas se replier sur lui-même tout seul, il va plutôt chercher, à cause de sa nature d'être social, à adhérer à un groupe.
Et l'adhésion à un groupe est une excellente chose en soi : il est évident que récupérer de l'autonomie en tant qu'individus, voire à l'échelle d'un groupe en formant des communautés locales est très opportun vu l'isolement causé par le règne de l'individualisme. De plus, ces communautés peuvent servir de terreau pour former d'une élite et des minorités révolutionnaires fortes et renforcer la cohésion.
Cependant on ne peut admettre l'idée que cette démarche soit suffisante : le combat essentiel est et demeure le combat politique, et c'est bien vers celui-ci que doivent converger et aboutir nos efforts. À partir du moment où ce groupe local se replie sur lui-même et se désengage du combat politique à l'échelle nationale, il ne participe plus, ou du moins il n'est plus acteur du combat politique qui permettra de redresser la nation.
Il est donc important de rappeler la nécessité de l'engagement de l'individu dans un mouvement politique national : il est nécessaire pour un redressement national d'unir tous les faisceaux de la Nation, d'unir les forces vives de la Nation, et cela ne sera possible que si les faisceaux consentent à cette union, union qui se fait notamment par l'adhésion pleine et entière au mouvement national. Comment se réclamer en effet du fascisme si on ne participe pas de cette union ? C'est grotesque.
Cet individualisme moderne peut se transposer au niveau national : c'est ce qu'on appelle l'individualisme des peuples, et l'on renvoie ici au chauvinisme et au nationalitarisme.
De telles idées sont en fait incompatibles avec la doctrine nationaliste pour une raison simple à savoir que nos nations européennes, si elles sont effectivement des unités entières, complètes, avec une certaine autonomie, s'inscrivent chacune dans un cadre plus large qui est le cadre civilisationnel européen. La nation française est une nation européenne. C'est même à vrai dire un des critères de définition de la nation française. Et il en est de même pour toutes les nations européennes.
Admettons que l'on ne souhaite agir et réfléchir que dans le cadre national, il faut cependant intégrer l'idée, ou plutôt le fait, car c'est bien un fait et non une idée, que notre nation est européenne. Autrement dit on est forcé, si l'on veut réfléchir dans le cadre de notre nation de manière pleine et entière, d'intégrer l'idée que notre nation est européenne et fait partie d'un ensemble qui la dépasse.
Cela ne doit cependant pas conduire à
l'excès inverse, qui serait celui d'une action et d'une réflexion à l'échelle européenne
négligente du cadre national. Autrement dit il ne faut pas se complaire dans la
volonté de créer une sorte d'internationale européenne, ou de grand mouvement
qui serait transnational et qui finalement chercherait à fondre toutes les
nations européennes en une seule, car cela ne tiendrait pas compte de la
réalité à savoir l'existence de nations différentes les unes des autres.
Il est donc nécessaire d'agir dans le cadre de nos nations respectives tout en prenant en considération le fait que nos nations appartiennent à l'Europe, une Europe des nations plus précisément.
Il faut de ce fait bannir le chauvinisme et le nationalitarisme qui refusent de prendre en compte la dimension européenne des nations et qui refusent de définir la nation selon la réalité, et en construisent une définition artificielle. C'est une posture très grave philosophiquement parce qu'on ne va plus définir dès lors la nation par rapport à la réalité mais par rapport à des idées subjectives : et si on se met à rejeter telle réalité qui constitue la nation française, pourquoi ne pas rejeter ensuite telle autre qui nous gêne ? Si on nie que la nation française s'inscrit dans le cadre de l'Europe des nations, pourquoi ne pas nier que la France est un pays dont le peuple est de race blanche ?
On le voit donc, ce nationalitarisme renvoie finalement à l'idée du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, c'est-à-dire à l'idée que l'humain peut définir ce qui constitue sa nation avec sa subjectivité propre. On bascule finalement dans un véritable relativisme qui est d'ailleurs au fondement même du mondialisme, parce qu'il enjoint à penser que l'on peut mépriser les réalités qui sont et qu'à force d'affirmer des grandes idées qui paraissent théoriquement séduisantes, l'homme va pouvoir faire fi de ces réalités historiques, biologiques, naturelles.
On pourrait même aller jusqu'à dire que l'État mondialiste n'est que la réalisation finale dans une forme politique de cette prétention, que l'on retrouve dans le nationalitarisme, de l'humain à se créer en refusant de prendre ses caractéristiques réelles en considération et en ne se basant que sur sa propre subjectivité.
Il est donc nécessaire de bannir le petit nationalisme étriqué, étroit, qui n'est en fait absolument pas un nationalisme authentique mais tout au plus un nationalitarisme, qui refuserait de considérer son appartenance à une unité européenne plus large. Ainsi que l'écrivait José Antonio Primo de Rivera « Nous ne pouvons être nationalistes à la manière étroite et misérable de ces petits nationalismes qui représentent un retour à la préhistoire ».
Ce qui signifie que nos nations doivent prendre en considération leur propre dimension de nation européenne, et par conséquent il est nécessaire de s'intéresser au bien commun de l'Europe qui va rejaillir sur nos nations respectives, sachant que plus un bien est commun, plus il est bon et plus il est désirable de l'obtenir.
Nous étions hier contre le communisme avec les pays agressés par le marxisme, avec l'Indochine par exemple. Mais nous n'avons jamais été aveuglés par cette attitude et nous avons toujours combattu l'impérialisme yankee. Et si aujourd'hui nous luttons avec toujours plus de véhémence pour la chute du monde yankee nous ne sommes pas aveugles : ainsi notre volonté de voir émerger un monde multipolaire ne nous fait pas oublier la grandeur de l'Europe des nations et sa vocation naturelle à dominer le monde.
Depuis que l'Europe des nations est en déperdition c'est le monde entier qui court à sa perte tandis que tous les peuples du monde ont toujours bénéficié de la santé de l'Europe qui rejaillissait sur la terre entière.
*
Quelle doit donc être notre attitude spirituelle en tant que militants nationalistes ?
Nous devons faire preuve de patience :
nos nations sont en ruines et les pierres gisent partout en nombre autour de
nous. Reconstruire implique de remettre en place chacune des pierres qui fut
désintégrée à sa place : c'est un travail titanesque et long. Nous devons
donc être patients, sans précipitation ni découragement.
Nous devons aussi être précis et rigoureux : chaque pierre a une place bien précise. Nous devons reconstruire solidement, avec précision, pour que notre édifice tienne aussi longtemps qu'il se pourra après notre mort.
Nous devons rester impassible aux gens du siècle qui ne voient pas plus loin que leur propre vie, quand encore ils se soucient de leur mort : ces gens-là ne cherchent pas à laisser une seule trace d'eux-mêmes, à transmettre quoi que ce soit. Quand ils mourront, ils tomberont en cendres, et personne ne se rappellera d'eux, et il n'y aura pas un seul monument debout pour rappeler qu'ils sont passés.
Nous au contraire, nous nous soucions de transmettre quelque chose à nos enfants, de marquer notre passage, et de rendre meilleur la maison que nous avons reçues de nos pères.
Nous, nationalistes, nous nous soucions de reconstruire ce qui nous appartient : et si nos noms sont ensevelis avec nous, si on oublie nos visages et notre histoire, il restera au moins ce que nous aurons accompli pour ceux qui viendront après nous. Et sans connaître nos noms peut-être, ils pourront continuer d'œuvrer et reprendre la tradition, le flambeau que nous aurons gardé allumé pour éclairer nos fils.
Les gens du siècle peuvent se moquer de nous : il est vrai que nous avons quelque chose de ridicule à vouloir remettre, avec grand soin, toutes ces pierres en place alors qu'elles sont des milliers à gésir sur la cendre de nos nations, dans le désordre le plus complet.
Il est vrai que notre précision, notre travail lent, rigoureux, minutieux, peut sembler absurde et vain. Mais c'est un travail implacable et guidé par une détermination qui nous dépasse. Aussi ne devons-nous pas nous laisser troubler par les moqueries, les mots qui cherchent à nous affaiblir, à nous railler.
Notre foi et notre idéal doivent nous suffire à avoir confiance en ce que nous faisons.
Nous devons honorer notre engagement au service du combat national. Et cela, sans jamais faillir.
Hilda Lefort